West Bar

                                                                                                            WEST    BAR

Dans Paris,  on pouvait se délecter dans un lieu magique où dès l’entrée on faisait un voyage hors du temps.Ce lieu s’appelait le West Bar, décoré par un fan de la série Wild Wild West, un feuilleton mythique des années soixante. L’atmosphère y était feutrée. D’abord la déco ultra kitsch, un saloon américain des années 1870 , tentures de velours rouge bordées de galon jaune d’or, des glaces piquées, enfin on y  respirait l’air de la téle série. Dans un coin, un mannequin vêtu d’une robe à tournure  de  vieilles tables bancales  complétaient le tout. Mais le clou du bar était un petit train électrique qui était la réplique exacte d des deux héros et qui tournait au plafond. Les toilettes étaient aussi a visiter, A l’ouverture de la porte la musique du générique retentissait et une télé passait en boucle les aventures de James West et D’Artemus Gordon. 

J’y suis allée de nombreuses fois seule ou avec des amies, on y était bien. Dans le quartier de bobos où il se trouvait le West Bar faisait figure d’un extra-terrestre, car autour de lui,  tout était aseptisé, politiquement correct, sans bavure. Les cafés, restos tous calqués sur le même moule: propres, nets, et surtout sans aucune fantaisie. Cet endroit était  révolutionnaire, atypique, scandaleux ; des rideaux de velours rouges! alors que partout les  couleurs taupe, gris ennuyeux, blanc bon chic et vert spleen fleurissait, lui faisait figure d’un pâté d’encre dans cet univers « bobotesque » C’était la seule place sympa à des lieues à la ronde.

Mais le monde oublié « des mystères de l’ouest » n’attirait plus la clientèle, le chaland se faisait rare, seuls des hurluberlus comme moi y venaient encore. 

 Un jour , il ne rouvrit pas, ses grilles closent par un énorme cadenas restèrent longtemps fermées…..il y eut des travaux et….. un bar à vins flambant neuf « propre sur lui" apparut, adieu, James et Artie, adieu bizarrerie sympathique.Je ne suis jamais entrée dans le bar à vins,  le blanc hôpital me donne la nausée.